Trente années exactement se sont écoulées depuis le 27 octobre 1986 lorsque Jean-Paul II convoqua à Assise les responsables des religions mondiales pour prier pour la paix et ouvrir une nouvelle saison de dialogue. Nombreux sont ceux qui se demandent aujourd’hui : à quoi ont servi le dialogue et l’engagement commun des religions pour la paix ? Tant de choses ont changé ces trente dernières années et le monde n’est plus le même. Mais c’est précisément dans cette désormais longue histoire de l’ « esprit d’Assise », qui arrive jusqu’à nous aujourd’hui, que nous pouvons trouver des réponses à ces interrogations. Et ces réponses sont positives, à moins de préférer céder à ce qui n’est jamais inéluctable, autrement dit aux conflits qui fauchent de plus en plus de personnes innocentes.
Il y a trente ans, depuis cette journée historique du 27 octobre précisément, est né un mouvement de paix qui a obtenu certains succès et empêché que la situation de plusieurs pays empirât davantage. Pour la première fois, les religions se retrouvèrent ensemble pour la paix, après s’être ignorées ou, pire, combattues des siècles durant. Et depuis lors, chaque année jusqu’à ce jour, elles ont continué de le faire dans les rencontres internationales organisées par la Communauté de Sant’Egidio.
Ce fut une prophétie de Jean-Paul II, longtemps incomprise, voire contestée parfois au sein même de l’Eglise catholique. Or la liste est désormais longue des paix nées grâce à ce réseau, de plus en plus large, de responsables religieux en dialogue avec des personnalités des institutions et du monde de la culture, mûri dans l’« esprit d’Assise ». Pensons au Mozambique, qui, en 1992, a mis fin à un conflit qui avait fait un million de morts, grâce à la médiation de Sant’Egidio avec les représentants de l’Église mozambicaine qui participaient à ces rencontres. Ou bien à la Guinée Conakry et à la Côte d’Ivoire, où le seul dialogue existant entre chrétiens et musulmans dans l’« esprit d’Assise » a empêché les guerres civiles locales, provoquées par des motifs politiques, de dégénérer en guerres de religion. Ou, plus récemment, à la Centrafrique, où le dialogue entre les religions a justement été l’acteur le plus important du processus de paix, scellé par la visite du pape François.
Ce même réseau de dialogue a beaucoup fait pour éviter la radicalisation du soi-disant « choc des civilisations » après les attentats contre les tours jumelles en 2001 et il s’avère aujourd’hui indispensable pour lutter contre le terrorisme. On l’a vu le 20 septembre à Assise quand, lors de la rencontre internationale qui évoquait justement le chemin parcouru ces trente années, le pape François avait pris place aux côtés des responsables des différentes confessions chrétiennes et des autres religions pour dire d’une voix forte que « seule la paix est sainte, jamais la guerre » et pour dénoncer « le paganisme de l’indifférence » face aux conflits actuels. Parler avec l’islam, se rencontrer apparaît aujourd’hui décisif pour dépasser les zones d’ambiguïté qui existent à l’encontre de l’occident et faire rempart à la terreur.
À une époque de mondialisation, de mutations continuelles et d’accélération de l’histoire, le dialogue n’est pas un « luxe », un exercice rhétorique, mais au contraire un élément essentiel pour construire la paix. L’autre voie ne consiste pas en un terrain neutre, mais uniquement en l’augmentation de la violence et des conflits. C’est ce que nous rappelle aujourd’hui, avec force, l’anniversaire du 27 octobre 2016.
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