16/05/2013
Rwanda – L’école de la paix, un pont dans un pays qui a connu trop de fossés
Après les divisions ethniques, ce sont les différences économiques qui créent des divisions au Rwanda, un pays qui connaît un important développement économique
La Communauté de Sant’Egidio est depuis longtemps présente au Rwanda. Les premières réalités qui la composent sont nées quelques années après le terrible génocide de 1994, et les premiers services ont été ceux organisés pour les orphelins et les enfants des rues, victimes précisément de la violence génocidaire et des déplacements de population qui s’en sont suivis.
Aujourd’hui le Rwanda a changé. C’est un pays relativement stable, organisé, dont l’économie présente des taux de croissance « chinois ». Il y a moins de pauvreté et les blessures de la guerre semblent cicatrisées. Sant’Egidio s’y est également davantage enracinée. Une belle maison de la Communauté a été construite à Kigali, tandis qu’à Butare, la vie dans la rue n’est désormais plus qu’un mauvais souvenir pour les enfants qui, soutenus par les adoptions à distance, vivent dans la maison d’accueil de Sant’Egidio, un refuge qui est synonyme pour eux de chaleur humaine et de perspectives d’avenir.
Et pourtant, malgré le contexte d’un pays qui change et qui sort du cercle vicieux du sous-développement, il y a encore des pauvres. De nouvelles lignes de fracture, socio-économiques, ont pris la place des anciennes divisions ethniques et identitaires, aujourd’hui bannies par la loi. Riches et pauvres vivent les uns à côté des autres, à une colline de distance, mais séparés par un destin qui semble inéluctable. Tout comme elle a travaillé autrefois pour prévenir toute opposition ethnique et toute haine résiduelle, la Communauté travaille aujourd’hui pour retisser le lien social, créer un pont dans un pays qui a connu trop de fossés.
C’est ce qui se passe en plein centre de Kigali, là où se trouve la maison de la Communauté. Dans ces locaux, depuis cinq ans, deux écoles de la paix hebdomadaires – le jeudi pour les enfants des rues, le samedi pour ceux qui ont une maison et qui vont à l’école publique – s’efforcent d’offrir à tous le même destin, d’instruction, de cohabitation et de perspectives d’avenir.
L’école de la paix, Ishuri ry’Amahoro en kinyarwanda, du samedi s’adresse plus particulièrement aux enfants des femmes qui, réunies en coopératives, sont employées par la Ville à la propreté urbaine, pour des salaires très bas. Sur la colline de la maison de la Communauté, le Kiovu cy’Abakire, autrement dit le Kiovu « des riches », se dirigent les garçons et les filles qui viennent du Kiovu voisin Kiovu cy’Abakene, le Kiovu « des pauvres ». Dans ce mouvement de rapprochement, dans cette réparation d’une des nouvelles fractures du pays, on entrevoit déjà un avenir différent, meilleur et garanti à tous.
L’école de la paix devient alors un pont précieux entre deux quartiers, séparés par une centaine de mètres, qui ne risquent plus d’être deux mondes distincts, voire opposés. C’est finalement la possibilité qu’il n’existe plus qu’un seul Kiovu, celui des Rwandais. |