| 22 Aprile 2013 |
Mgr Oscar Romero pourrait être bientôt béatifié |
Selon Mgr Vincenzo Paglia, postulateur de la cause de l’ancien archevêque de San Salvador assassiné en 1980, le pape François aurait autorisé l’ouverture du procès de béatification de cette grande figure de l’Église latino-américaine. |
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Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille et postulateur de la cause de Mgr Oscar Romero, a annoncé, dimanche 21 avril, à la fin de son homélie en la cathédrale de Molfetta (sur la côte Adriatique), que le pape François l’avait informé la veille, samedi 20 avril, qu’il allait « autoriser » l’ouverture du procès de béatification de l’ancien archevêque de San Salvador. Pour le moment, ni le Vatican, ni l’archevêché de San Salvador n’ont confirmé officiellement cette information. Mais un responsable du Conseil pontifical pour la famille a confirmé l’information à l’agence I.Media, lundi 22 avril.
Déjà le 17 mars, quelques jours après l’élection du pape François, Mgr Gregorio Rosa Chavez, évêque auxiliaire de San Salvador qui avait été l’un des proches collaborateurs de Mgr Romero, avait émis l’hypothèse de cette prochaine béatification, au cours de la messe dominicale en la cathédrale de San Salvador. « Je connais personnellement le cardinal Bergoglio et je sais qu’il est absolument convaincu que Romero est un saint et un martyr », avait déclaré l’évêque salvadorien en rappelant cependant que, même si « tout est en faveur de cette béatification, le temps de Dieu n’est pas le même que le nôtre ». Si bien que le 19 mars, le site du magazine de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (MissiOnLine.org) posait la question : « Mgr Oscar Romero pourrait-il être béatifié ? ».
Assassiné le 24 mars 1980 alors qu’il célébrait la messe, Oscar Arnulfo Romero fut successivement curé de paroisse, secrétaire général de la Conférence des évêques salvadoriens (1967-1970), et évêque auxiliaire puis archevêque (1977-1980) de San Salvador. Au cours de ses différentes fonctions, il avait profondément évolué humainement et spirituellement. Considéré comme conservateur (il était très influencé par l’Opus Dei) au début de son ministère sacerdotal, il avait été profondément bouleversé par l’assassinat en mars 1977, par les « pelotons de la mort », de son ami jésuite Rutilio Grande, ardent défenseur de l’option préférentielle pour les pauvres. Prenant davantage conscience de l’oppression du peuple – sans pour autant adhérer à la théologie de la libération –, il avait alors admis la légitimité, dans certaines circonstances, de l’engagement politique. Dans ses homélies ainsi qu’à la radio, il avait alors commencé à dénoncer les exactions des militaires au pouvoir, se mettant à dos l’épiscopat et la bourgeoisie catholique. Et au fur et à mesure que la violence se transformait en guerre civile, il ne cessa de proclamer que « les torturés et les assassinés sont de nouveaux Christ mis à mort par le péché ».
Après la mort de Mgr Romero, beaucoup dans l’Église pensaient que Mgr Romero avait été un « subversif » – selon la thèse soutenue à l’époque par les militaires et les politiques salvadoriens qui se disaient également chrétiens. Du coup, pendant de longues années, Rome avait demandé de ne pas employer à son propos le terme de « martyr » mais celui de « témoin de la foi ». « Mais pour nous, il était bien martyr », déclarait Mgr Gregorio Rosa Chavez en 2010, à l’occasion du 30e anniversaire de la mort de Mgr Romero. De fait, en 1996, lors de la seconde visite de Jean-Paul II au Guatemala, le nom de Mgr Romero figurait sur la « liste des martyrs d’Amérique centrale du XXe siècle » remise au pape (liste qui fut reprise pendant le Jubilé de l’an 2000, lors de la commémoration au Colisée pour les martyrs du XXe siècle). Et en 1997, lors du Synode pour l’Amérique latine, le mot martyr a été ouvertement utilisé pour parler de l’ancien archevêque de San Salvador. Enfin en mai 2007, dans l’avion qui le conduisait à Aparecida (Brésil), Benoît XVI qui répondait aux journalistes à propos du procès en béatification d’Oscar Romero avait déclaré : « Je sais qu’il y a beaucoup de questions en suspens dans ce procès, mais que sa cause avance très bien. Il était un homme de grande vertu chrétienne, qui s’était dévoué à la paix et contre la dictature. Il a été tué au cours de la consécration ; c’était donc une mort véritablement incroyable, un grand témoignage de foi. »
Le miracle n’étant pas nécessaire pour la béatification d’un martyr, le procès de cette cause pourrait donc être plus rapide.
CLAIRE LESEGRETAIN
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