09/05/2013
Kenya - Sant’Egidio est un rêve de fraternité et de paix
Au cours de la période de polarisation ethnico-identitaire que le Kenya a traversée récemment, Sant’Egidio s’est efforcée de cultiver ce rêve de fraternité et de paix qui est la respiration de toute communauté chrétienne, mais aussi le socle de référence des populations kenyanes elles-mêmes.
L’hymne du pays parle d’undugu (fraternité, en swahili) et d’amani (paix). La devise nationale est Harambee, c’est-à-dire un agir commun poursuivant un objectif noble et élevé, une volonté de rassembler, d’entraîner et d’attirer au profit du bien de tous.
Pourtant le Kenya a connu des temps difficiles d’opposition et de violence : ses habitants se sont divisés et combattus. Ce fut le cas lors des élections présidentielles de 2007. Les troubles qui s’en sont suivis ont provoqué près d’un millier de morts et 600 000 réfugiés à l’intérieur du pays.
On a de nouveau craint un scénario de ce genre lors des élections de mars dernier. La société kenyane et les fidèles de toutes confessions ont espéré et prié pour un déroulement civil et pacifique du scrutin. Les communautés de Sant’Egidio ont organisé des prières et des marches pour la paix.
Les résultats définitifs du scrutin ont été diffusés à la fin du mois de mars. Tandis que de nombreuses personnes considéraient plus prudents de retourner dans leurs villages d’origine, pour ne pas se trouver dans une zone ethniquement « mauvaise » au moment de la proclamation définitive des résultats, les jeunes et les adultes de la Communauté se rassemblaient à Nakuru pour Pâques, pour être unis au-delà de toutes différentes ethnique ou politique.
L’élection dès le premier tour du nouveau président, Uhuru Kenyatta, s’est certes accompagnée de quelques incidents isolés et de contestation, mais heureusement sans le risque d’entraîner une nouvelle guerre civile. Ce fut la victoire du bon sens, de l’unité, de la paix.
Sant’Egidio vit cette tension vers l’unité et vers la paix pendant toute l’année. Dans les nombreuses localités où elle est présente – outre Nairobi et Nakuru, elle est également présente à Eldoret, Kisumu, Mombasa, Homa Bay –, dans le service aux pauvres qui entend faire abstraction de toutes différences d’origine, d’histoire, de confession. Une dizaine d’écoles de la paix ont été créées ces dernières années, tandis qu’une belle amitié avec les personnes âgées se vit avec passion dans cinq villes, et qu’à Nakuru et Eldoret on visite les détenues dans les prisons pour femmes.
Le service devient communauté d’esprit, d’idéaux, de rêve, au-delà de tout et en particulier au-delà de toute tentation ethnico-identitaire. Il devient un choix de travailler ensemble pour un pays uni par un destin commun pour des populations et des cultures différentes. C’est ainsi que se construit la civilisation du vivre ensemble, cet avenir de fraternité et de paix que les pères de la décolonisation avaient entrevu il y a cinquante ans pour leur pays et pour le continent tout entier. |