Basilique Saint-Barthélemy : mémorial des « Nouveaux Martyrs » des XXe et XXIe siècles
En 1999, en vue de la célébration du Jubilé de l’an 2000, le pape Jean-Paul II décida de constituer une commission des « Nouveaux Martyrs », chargée d’enquêter sur les martyrs chrétiens du XXe siècle. Cette commission a travaillé pendant deux dans les locaux de la basilique Saint-Barthélemy, recueillant environ 12 000 dossiers de martyrs et témoins de la foi, transmis par les diocèses du monde entier.
Parmi les fruits de ce travail, il faut rappeler la prière œcuménique qui eut lieu au Colisée, en présence du Pape et de représentants des principales Eglises chrétiennes. A cette occasion, il fut souligné à quel point le grand nombre de chrétiens tués ou persécutés représentait encore un « continent à explorer », et un patrimoine commun aux différentes confessions chrétiennes.
Après le Jubilé de l’an 2000, Jean-Paul II a souhaité que cette mémoire des témoins de la foi du XXe siècle puisse laisser une trace visible dans la basilique Saint-Barthélemy. En octobre 2002, au cours d’une célébration œcuménique solennelle, en présence des cardinaux Ruini, Kasper et George, ainsi que du patriarche orthodoxe roumain Teoctist, une grande icône dédiée aux martyrs du XXe siècle a été installée au-dessus du maître-autel. Avec un symbolisme tiré du livre de l’Apocalypse, cette icône représente l’histoire de martyrs dont on a pu avoir connaissance par les travaux de la commission pontificale. Des reliques de certains de ces martyrs sont exposées dans les chapelles latérales de la basilique, chacune d’entre elles étant dédiée à un continent ou à une situation historique particulière.
Le 7 avril 2008, le Pape Benoît XVI a visité la basilique
S’arrêtant devant les reliques des martyrs de notre époque, il a défini sa visite comme « un pèlerinage à la mémoire des martyrs du XXe siècle, foule innombrable d’hommes et de femmes qui ont versé leur sang pour le Seigneur. Mais – a-t-il ajouté – Jésus ressuscité illumine leur témoignage, et ainsi, nous comprenons le sens du martyre. C’est la force de l’amour, désarmé et victorieux, même dans la défaite apparente. »
L'histoire de la basilique Saint-Barthélemy sur l'Île Tibérine
La basilique Saint-Barthélemy a plus de mille ans. Elle se trouve, à Rome, sur l’île Tibérine, lieu d’importance particulière dans l’histoire de la ville, situé entre le quartier du Trastevere, lieu de la première prédication chrétienne, et le vieux quartier juif. Cet emplacement au milieu du Tibre, à un endroit-clé pour la traversée du fleuve, exprime bien l’un des aspects les plus caractéristiques de la basilique, qui recueille des mémoires liées à des mondes lointains, unis ensemble dans une synthèse unique et originale de foi, d’art et d’histoire.
La basilique fut construite sur un lieu de pèlerinage bien connu : en effet, depuis des siècles, il y avait sur l’île Tibérine un temple dédié à Esculape. Et nombreux étaient ceux qui visitaient ce lieu sacré pour implorer leur guérison. En 998, l’empereur allemand Otton III édifia l’église pour accueillir les restes de deux martyrs : l’apôtre Barthélemy, dont le corps est conservé dans le maître-autel, et saint Adalbert, évêque de Prague, qui fut tué en 997 tandis qu’il évangélisait les populations païennes, aux frontières septentrionales de l’Europe chrétienne.
La nouvelle construction réalisa une transformation dans la physionomie de l’île Tibérine, significative du changement général qui se produisait dans la ville de Rome suite à la diffusion du christianisme. Le puits qui se trouve dans la basilique illustre bien ce processus : il date probablement de l’époque romaine ; ses eaux étaient considérées comme thaumaturgiques. Les chrétiens ont su conserver et valoriser cette tradition : le puits est devenu un symbole évangélique. Dans l’ancienne margelle en marbre, on trouve l’image du Christ qui semble adresser à celui qui le regarde les paroles rapportées dans l’Evangile de Jean : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi ! » selon le mot de l'Ecriture : « De son sein couleront des fleuves d'eau vive. » (Jn 7, 38).
La basilique Saint-Barthélemy est aujourd'hui un lieu vivant de prière et de rencontre. Depuis 1993, elle est confiée à la Communauté de Sant'Egidio ; elle est fréquentée notamment par les jeunes, étudiants et lycéens, qui y animent la liturgie et les prières, et utilisent les locaux annexes pour des activités en faveur des pauvres. Connue pour son travail en faveur du dialogue œcuménique, Sant’Egidio a multiplié, ces dernières années, les rencontres et les initiatives dans la basilique, qui, par son histoire est « naturellement » appelée à être un espace privilégié pour les rencontres entre les représentants et les fidèles des différentes Eglises chrétiennes.