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Les événements d’une année Une année accompagnée de la visite du Pape Benoît XVI au Mémorial des martyrs du 20e siècle à San Bartolomeo all’Isola Tiberina, où il a fêté le quarantième anniversaire de Sant’Egidio avec la Communauté et prononcé des paroles extrêmement affectueuses et importantes : « Chers amis de la Communauté de Sant'Egidio, vous avez fait vos premiers pas, ici, à Rome, dans les années difficiles qui ont suivi 1968. Enfants de cette Église qui préside dans la charité, vous avez diffusé ensuite votre charisme dans de nombreuses parties du monde. La Parole de Dieu, l'amour pour l'Église, la prédilection pour les pauvres, la communication de l'Évangile, ont été les étoiles qui vous ont guidés, témoignant, sous des cieux divers, l'unique message du Christ. Je vous remercie pour cette œuvre apostolique qui est la vôtre ; je vous remercie pour l'attention portée aux derniers et pour la recherche de la paix, qui caractérisent votre Communauté ». Le Président de la République italienne Giorgio Napolitano qui est intervenu personnellement à la célébration du 40ème anniversaire de la Communauté, présidée par le Cardinal Secrétaire d'État, Tarcisio Bertone dans la Basilique Saint Jean de Latran, a prononcé à cette occasion des paroles significatives : « Votre communauté est une communauté ecclésiale et sociale », a-t-il dit, « vous regardez avec intelligence les choses du monde, poussés par une passion chrétienne ». Le chef de l'État a également souligné la nécessité de la « subsidiarité » dans l'action diplomatique : « Nous avons besoin d'institutions publiques - a dit le chef d'État-, mais aussi d'institutions comme la vôtre, sur laquelle nous savons que nous pouvons compter ». La prière est au centre de la vie de la Communauté. Partout où il y a une Communauté de Sant'Egidio, dans de nombreux endroits d'Italie et du monde, il y a une prière ouverte à tous. On explique ainsi le fait que la prière principale de la Communauté de Sant'Egidio, celle qu’accueille la basilique Santa Maria in Trastevere, est devenue un lieu de pèlerinage dans la ville de Rome, avec près de 300 000 personnes par an. Depuis 35 ans chaque soir, la prière a fait de la basilique un des « sanctuaires urbains » les plus visités à Rome et dans le monde, la seule église ouverte le soir. La prière est transmise en direct à la radio sur le réseau radiophonique InBlu, en Italie, et peut être suivie sur le site web, en direct. La 40ème année de la Communauté s'est conclue par un début, et ce début est africain. Bandakà, République démocratique du Congo. Le grand fleuve, l’Équateur, la beauté de la nature, une contrée où l'électricité n'arrive pas, là où vivent les pygmées, là où peu de blancs arrivent. Une contrée où le SIDA a cependant fait une entrée fracassante. Il y a quelques jours, s'est terminé l’acheminement par péniches des équipements destinés à l'ouverture du premier laboratoire de biologie moléculaire et du premier centre de santé antisida du programme DREAM. Ce centre fait le nécessaire pour mettre en œuvre la thérapie complète du programme global de prévention et de lutte contre le SIDA, destiné à atteindre toutes les femmes de la région et à faire naître sains les nouveaux enfants, même ceux nés de mères séropositives ou atteintes du SIDA. Il s'agit du programme le plus avancé, en termes de résultats, de toute l'Afrique sub-saharienne, avec 98% d'enfants concernés par le programme qui naissent sans le virus VIH de mères séropositives ou atteintes du SIDA ; plus de 90 adultes sur cent qui se remettent à vivre et à travailler tout en ayant contracté le SIDA. Le programme donne en outre un rôle novateur et central aux femmes, qui passent du statut d'exclues à celui de pivots pour la relance de la société civile. Il s'agit d'une initiative sans précédent, menée dans une zone rurale où le cadre de vie est extraordinaire mais défavorable à des programmes de santé publique. Ce programme constitue un prototype pour ce qui concerne la possibilité de lutter sérieusement contre le SIDA, quelles que soient les conditions. Il est mené en collaboration avec les Centres de santé créés par les Sœurs de Saint-Vincent : un autre exemple en faveur de la création de services de défense de la vie et de la dignité humaine, gratuitement accessibles pour tous. Cette initiative ouvre de nouveaux besoins de collecte de fonds pour la Communauté, mais inaugure aussi un modèle reproductible sur une grande partie du continent africain. C’est une direction dans laquelle il vaut la peine d'œuvrer et qui est confortée aussi par la reconnaissance internationale, comme l’attribution du prix de la Business Community à New York au groupe bancaire Banca Intesa pour le Projet Malawi dont DREAM est la clé de voûte. C’est une direction qui présente aussi ses difficultés propres, dans une période marquée par la diminution des dons et des initiatives de social corporate responsibility au niveau planétaire, tout comme la réduction des programmes d’aide au développement dans une grande partie des pays les plus développés du monde et surtout en Italie. L'année dernière aussi, l’art du vivre ensemble promu par la Communauté dans le service aux pauvres, dans la participation au discours public, dans la manière de vivre, a été une proposition pour renforcer les raisons de vivre ensemble à une époque marquée par des oppositions plus grandes. Les conférences de presse sur les Roms, sur la pauvreté en Italie, les propositions pour éliminer des campagnes d'identification des tsiganes les marques discriminatoires de l'identification par l’ethnie et par la religion qui auraient isolé l'Italie en Europe, la publication du livre Il caso zingari qui a introduit dans le débat culturel la notion d’ « antigitanisme » comme problème culturel et anthropologique que l'Europe n‘a pas résolu, les nombreuses initiatives d'amitié et de dialogue avec le monde juif italien et international, même à une période marquée par des tensions sur la route du dialogue historique judéo-chrétien (jusqu'à la dernière manifestation conjointe, au Centre Pitigliani de Rome, à l'occasion de la Semaine de l'amitié judéo-chrétienne), autant d’initiatives qui ont marqué une année de la Communauté de Sant’Egidio, alors que la paix s'est éteinte pour les chrétiens en difficulté en Irak, en Inde, au Pakistan, sinon la perspective de la fin du conflit au Moyen Orient et dans autres parties du monde. Au mois de mai 2009, le Prix Charlemagne sera remis à Andrea Riccardi, pour la Communauté de Sant’Egidio. Ce prix - décerné au mois d'octobre 2008- est considéré comme l'une des plus prestigieuses reconnaissances européennes. Remis à ceux et celles qui se sont investis de manière innovante dans la construction des bases culturelles et civiles du rôle de l'Europe pour une coexistence pacifique dans le monde, il est habituellement attribué à des chefs d'État et à des leaders politiques européens et, de manière plus exceptionnelle, à des personnalités non politiques.
Mais l'année fut également marquée par le début, manifeste, de la crise financière mondiale et par les incertitudes quant à la capacité du marché à agir comme unique moteur autorégulateur du développement humain de la planète. Elle a été marquée par l'augmentation du prix des denrées alimentaires dans le monde entier, après des décennies de stabilité, avec de véritables guerres du pain survenues dans différents pays et différentes capitales du monde, et par l’augmentation du nombre d'êtres humains passés sous le seuil de pauvreté absolue. On a enregistré des émeutes du « pain », du « couscous » et du « riz » dans 37 pays du monde, tandis que le nombre de personnes passées sous le seuil de la pauvreté relative dans le monde plus développé s'est accru. La Communauté de Sant’Egidio s'est appliquée à réaffirmer les raisons profondes de la coexistence, à lutter contre les tentations de culpabilisation des pauvres et des immigrés, à aider la société civile des pays dans lesquels elle est présente à ne pas amorcer une culture du mépris des minorités qui risque de devenir dangereuse et de prendre peu à peu les formes du sentiment anti-tsigane, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de la criminalisation des minorités sociales ou ethniques, des immigrés, en Italie et en Europe ou en Afrique et sur d'autres continents. Elle a lancé des plans extraordinaires de soutien aux populations touchées par la pénurie de denrées alimentaires et par l'augmentation de la violence liée au manque de nourriture et de travail, de la Guinée Conakry au Mozambique. Le travail pour la paix à l'échelle internationale a également impliqué la Communauté l'an passé dans un travail visant à humaniser et à éliminer les motifs de conflits ou dans le lancement de négociations et de pourparlers de paix, du Darfour, au Togo, de l'Ouganda du Nord, au Congo, tandis que son engagement au niveau mondial contre la peine capitale s'est poursuivi. Ce travail a vu l’adhésion de plus de 900 villes, même dans des pays qui maintiennent la peine de mort, à la Journée internationale des Villes contre la peine de mort, les Villes pour la vie. Ce travail a permis aussi la tenue de la conférence internationale qui a réuni quinze ministres de la justice et responsables d'Afrique, d'Europe et d'Amérique Latine, la réalisation de démarches d'accompagnement législatif et le soutien à des démarches d'abolition et d'adhésion à la Résolution de l'ONU. 2008 a également vu l’abolition définitive de la peine capitale par l'Ouzbékistan, le Burundi et le Togo et le passage à 106 voix pour et 48 contre l'approbation de la Résolution de l'ONU, autant d’événements qui sont en partie directement liés à ce travail de la Communauté et de la synergie avec la WCADP (World Coalition Against Death Penalty) et les institutions internationales, une stratégie à laquelle la même Communauté de Sant’Egidio œuvre depuis des années et qui enregistre une accélération et des succès significatifs, même ces derniers temps. Impossible de résumer une année sur tous les continents, tant elle est chargée d'événements. Tout a été placé sous le signe de la paix, cette paix qui est devenue la marque de la vie quotidienne de la Communauté de Sant’Egidio. La paix, avec la Marche du début d'année, avec la Marche de la mémoire avec les Communautés juives dans diverses parties du monde (plus de cinquante initiatives dans le monde et en Italie) pour arracher à la racine l'antisémitisme, la paix, avec des marches, des gestes publics, des congrès en faveur des communautés juives, dans un contexte marqué par la confusion entre la solidarité avec la cause palestinienne et un sentiment anti-juif de plus en plus diffus et dangereux. La paix est également réaffirmée dans le contexte d'un tissu social menacé de fragmentation dans les villes européennes qui subissent les coups de la crise sociale et économique, et dans le sud du monde, dans un travail d'éducation au vivre ensemble et à la paix, mené surtout en direction des enfants des rues, des populations de réfugiés, dans une lutte active contre la violence diffuse des grandes périphéries du sud du monde, à travers les propositions alternatives des « écoles de la Paix », du « Pays de l'Arc-en-ciel », les adoptions à distance, le programme d'inscription à l'État civil « Bravo! », à Madagascar, en Côte d'Ivoire et dans d'autres pays, à la veille d'un plan global d'inscription à l'État civil au Burkina Faso, où le problème concerne plus d'un tiers de la population et la moitié des nouveau-nés. Paix et dialogue ont trouvé leur expression la plus visible et la plus haute dans la Rencontre internationale Hommes et Religions, dans la continuation de l'« esprit d'Assise ». La 12ème édition, menée pour la deuxième fois en collaboration avec une Église orthodoxe, celle de Chypre guidée par l'Archevêque Chrystostomos, est entrée dans le cœur de la dernière blessure et division de l'Europe, au cœur de la Méditerranée. La dernière frontière de l'Europe, marquée par le mur qui sépare la partie occupée par l'armée turque après la crise de 1973, a été traversée plusieurs fois durant la rencontre mondiale interreligieuse qui a vu la participation extraordinaire de personnalités de paix et de réconciliation comme Ingrid Betancourt et le rabbin David Rosen, l'évêque Slejman, de Bagdad. Des délégations des différentes religions et de la Communauté de Sant’Egidio ont rencontré les trois parties du conflit et de la négociation pour la réunification, et ont contribué, par cette icône de paix et de dialogue, à imaginer notamment du côté de la société civil une réunification dans le respect de tous. Ce fut la réaffirmation de l'« Esprit d'Assise » comme centre d'une « pédagogie de la paix » et nécessité historique dans un temps de conflits et d'instrumentalisation de la religion et du facteur national. La participation d'une délégation de la Communauté aux funérailles du Patriarche de Moscou Alexis II et à celle de l'intronisation du nouveau Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Kirill, a été le signe d'une grande et historique amitié, de portée œcuménique et de caractère personnel, qui s'est renforcée à la faveur de nombreuses rencontres à Moscou. Kirill, qui était alors métropolite, a en effet participé à de nombreuses initiatives organisées par la Communauté sous le signe du dialogue et de la collaboration entre chrétiens. La présence de la Communauté à ces cérémonies a constitué le moment le plus important de beaucoup d'autres étapes d'engagement œcuménique durant l'année. Paix, dialogue, humanisation et défense de la vie des plus faibles : des condamnés à mort aux personnes âgées dépendantes et aux personnes handicapées qui, dans le mouvement « Les Amis » ont trouvé le lieu et les outils pour parler à la ville et au monde. Il s‘agit aussi d‘un engagement dans la pratique quotidienne, dans la recherche d'alternatives au placement en institution, mais aussi dans la recherche d'alternatives à la mort anticipée du fait de l'incapacité à lutter contre l'isolement, la douleur, et du fait d'une mentalité vitaliste qui a des difficultés à reconnaître la dignité de la vie humaine dans la souffrance ; tout cela dans une société troublée par le débat sans pudeur sur les limites de la vie et tentée par les simplifications et des codifications dans la loi non indemnes de tentations d'euthanasie conçu comme raccourci face à l'ampleur du problème de la solitude et de la souffrance dans les dernières années de la vie. « Ce n'est pas une vie simple que celle des pacificateurs, et vraiment, la Communauté de Sant’Egidio l'incarne de manière extraordinaire et originale », disait un grand théologien et témoin du 20e siècle disparu cette année, Olivier Clément. Disparu au cours une année qui a vu s'éteindre d'autres lumières qui ont accompagné de leur affection, de leur amitié et de leur estime la Communauté de Sant’Egidio: Sœur Emmanuelle, l’amie des pauvres qui a vécu parmi les pauvres des chiffonniers du Caire, et Chiara Lubich, témoin de l'unité et de la vitalité de l'amour chrétien et de la maternité de l'Église en toutes circonstances.
C'est ce que nous nous sommes efforcés d'être et de vivre. |
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