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30 Květen 2009

Andrea Riccardi : « Notre idée du bonheur est devenue consumériste »

 
verze pro tisk

L'Italien Andrea Riccardi est le fondateur de la communauté Sant'Egidio, dont les 50 000 membres sont engagés au service des plus pauvres, de la paix, du dialogue interreligieux. Il vient de recevoir le prix Charlemagne qui récompense une personnalité ayant oeuvré pour l'Europe. Entretien avec une personnalité exigeante.

LE FIGARO. - Vous avez reçu il y a une semaine à Aix-la-Chapelle, le prix Charlemagne qui récompense l'action d'Européens convaincus. Est-ce vous ou la communauté Sant'Egidio qui a été récompensée ?

Andrea RICCARDI. - Je l'ai reçu au nom du travail de la communauté dont la dimension européenne s'ouvre à l'échelle mondiale. Sant'Egidio pense que l'Europe ne peut exister sans cette orientation et mission vers le monde. La réalité de notre communauté est profondément européenne dans le sens où nous sommes présents près des plus pauvres dans tous les pays et sociétés d'Europe. Nous avons commencé dans la périphérie de Rome et en quarante et un ans d'existence, nous n'avons pas quitté cette « périphérie » qui est celle de la pauvreté à l'échelle internationale.

Notre conviction tient dans un secret, le secret chrétien : personne ne peut vivre pour soi-même. Si un homme, une société, un pays vivent seulement pour eux-mêmes, ils meurent. Il en va ainsi de l'Europe. Elle doit retrouver sa vocation. Elle consiste à ne pas vivre pour elle-même. L'Europe a certes été conquérante au cours de son histoire, même colonialiste et impérialiste. Le problème est qu'elle est aujourd'hui tombée dans le politiquement correct. Et pour éviter de se tromper elle est enfermée dans une Europe forteresse, une sorte d'Europe coffre-fort. Or nous croyons, au contraire, qu'une de nos grandes responsabilités d'Européens est de nous tourner en particulier vers l'Afrique. C'est un de nos axes « européens » à Sant'Egidio.

L'Europe est perçue comme distante, d'où l'indifférence notoire pour les prochaines élections européennes. De quoi souffre l'Europe au fond ?

De peur et d'avarice ! Nous nous retenons d'investir sur des visions nouvelles. Le dernier « grand » qui ait eu une vision pour l'Europe fut Jean-Paul II. Il avait pourtant démontré la force et l'importance d'une vision.

Les peuples et les gens ont besoin de cette vision du futur. L'espérance a besoin d'une vision tout comme la foi a besoin d'icônes. Sans cela, les gens ont peur. Et aujourd'hui, l'Europe a peur. Les Européens ont peur des immigrés, ils ont peur du futur. Or la peur ne saurait dicter une politique. Cette peur conduit à la fermeture et fermer ne donne pas la sécurité. Nous le voyons en Italie avec le problème des frontières et des immigrés. Le problème de l'immigration ne se résout pas sur la frontière, il se travaille bien en amont, par le développement. Nous en savons quelque chose à Sant'Egidio.

Quel rôle les chrétiens peuvent-ils jouer dans une Europe qui n'est plus chrétienne ?

Il est historiquement vrai que l'Europe est née du christianisme et ce fait est toujours actuel. L'adage chrétien, « ne pas vivre pour soi-même » , dont je parlais peut s'appliquer à l'échelle d'un continent. D'autant que l'Europe a perdu son âme dans le sens de sa mission. Les chrétiens doivent donc contribuer à lui en donner une. Ce n'est pas du rêve mais du réalisme fondé sur l'observation attentive des résultats. Qu'observe-t-on précisément ? Que les grands desseins et les grandes entreprises - y compris économiques - ne se font pas sans générosité ni espérance. Et j'ajouterais comme le disait le grand Geremek, cet intellectuel et homme politique polonais, sans poésie...

Les chrétiens sont pourtant récusés, en tant que tels, dans le champ politique...

C'est particulièrement vrai en France mais aussi dans toute l'Europe. Il y a pourtant, j'en suis sûr, une attente vis-à-vis des chrétiens. Mais je constate que les difficultés que vous évoquez rendent les chrétiens trop timides. Nous devons avoir le courage, avec beaucoup de respect et d'attention pour les autres, de donner le témoignage de ce que nous pensons et vivons.

De votre point de vue d'historien, d'Italien mais aussi de fondateur d'une communauté, la France a-t-elle une vocation particulière dans cette Europe ?

La France est sans doute, après ma terre natale, le pays où j'ai passé le plus de temps. La France a été à l'initiative d'une vision universelle des problèmes. Par rapport aux autres pays européens, elle bénéficie d'une sorte d'étage en plus avec une terrasse ouverte sur le monde. Cela lui vient de son histoire qui est la plus universelle de tous les pays européens. Et cela lui donne une culture naturellement tournée vers le monde. Elle a aussi des atouts importants : la conscience nationale, la réalité de l'État, l'administration. La grande tentation de la France serait d'avoir, pour demain, moins d'ambition qu'hier.

Sur la base de cette même expérience communautaire internationale, comment percevez-vous la crise économique et sociale que nous traversons ?

Cette crise est brutale. Elle touche surtout les pauvres et marque ce que j'appellerais le tarissement de la gratuité. Je le vois en Afrique avec des conditions de vie toujours de plus en plus difficiles. Nous avons trop cru en un marché providence et nous devons trouver maintenant des instruments de régulation du marché.

Je suis préoccupé parce que si certains annoncent la fin de la crise pour se rassurer moi, au contraire, je vois que la crise est à peine commencée, notamment pour les plus pauvres.

La crise peut être toutefois une grande occasion pour nous aider à prendre conscience que dans un monde globalisé, nous ne pouvons pas nous en sortir sinon ensemble. Je me réjouis à ce titre de voir fonctionner une gestion européenne de crise et de voir revenir la nécessité du rôle de l'État et des institutions internationales pour assurer une régulation.

Mais que faire en pratique ?

Nous devons nous « remettre en place » comme quand on remet quelqu'un à sa place. Nous vivions en effet hors de nos propres mesures. Pris dans une sorte de folie où le marché s'était identifié à l'idée même de providence. Où il avait pris la place de la « nature généreuse » qui rassurait et faisait vivre nos ancêtres. Il nous faut donc revenir à une certaine « austérité », osons le dire, comme Benoît XVI l'a fait ce mercredi.

Ce qui pose un problème anthropologique, car notre idée du bonheur est devenue consumériste : plus je détiens, plus je serais heureux... Très bien, sauf que nous sommes désormais tombés dans un monde de tristes. Il importe aujourd'hui de réaliser que le bonheur est un fait spirituel et humaniste et que le mercantilisme a tué une partie de notre humanisme. Il a ruiné l'idée de la gratuité et de souci de l'autre qui fait la sève de la vie.

On va vous objecter que l'austérité est une réponse chrétienne pour les chrétiens...

Mais notre société a un besoin criant de réponses ! Chacun les cherche, les trouve et vit avec. Ainsi des chrétiens, ainsi de ceux qui ont d'autres voies, laïques en particulier. Cette diversité créée une fécondité, comme des fleurs différentes enrichissent un jardin dont nous avons tous besoin. Sans cette diversité la société devient corrosive.

Les chrétiens justement fêtent, demain, la Pentecôte. Cette fête a-t-elle un sens particulier cette année dans ce contexte de crise ?

Aucune fête liturgique n'est une répétition. Le ton de cette Pentecôte est celui de l'Esprit qui est amour. Notre société a un besoin incroyable d'amour ! Seul l'amour peut chasser la peur. Et la Pentecôte c'est l'Esprit, c'est-à-dire l'amour de Dieu répandu dans nos coeurs. Toute grande entreprise politique, sociale et économique, je le répète, a besoin d'un enracinement spirituel, c'est cette conscience-là, conscience renouvelée, qui pourrait animer notre méditation pour cette Pentecôte 2009.

L'Église vient de traverser un hiver difficile, la crise est-elle grave ?

L'Église en a vu d'autres et elle a traversé des hivers beaucoup plus rigoureux même si je reconnais que la période que nous venons de vivre a été un moment difficile. Il nous conduit à mieux apprécier la valeur de l'unité de l'Église et la valeur du message de ce pape, Benoît XVI. Il est différent de Jean-Paul II, mais il est dans la même ligne. Il donne une nourriture solide à notre temps. Il met en évidence la nécessité d'un grand fondement spirituel pour la communication de l'Évangile. Il avance aussi une proposition de dialogue raisonnable pour tous.

Mais il est rejeté ou incompris par une large part de l'opinion publique.

L'opinion publique a pris l'habitude de faire passer des examens à Ratzinger... Et ce pour chacun de ses discours ! C'est un triste destin pour un professeur aussi qualifié de se trouver soumis à de tels examens... J'échange avec lui depuis des années et je peux affirmer que c'est un homme convaincu de l'importance du dialogue. Mais c'est aussi un homme en recherche. Il cherche la façon la plus juste de pratiquer le dialogue et les fondements mêmes du dialogue. Et vous savez combien Sant'Egidio est attachée au dialogue.

« Les grands desseins et les grandes entreprises,  y compris économiques, ne se font pas sans générosité ni espérance. Ni sans poésie... »


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