Par Benjamin Coste
Tandis que représentants des grandes religions et de l’athéisme se réunissent à Rome ce jeudi 27 octobre à l’invitation du pape Benoît XVI, le cardinal André Vingt-Trois et la Communauté Sant’Egidio invitent à une Rencontre des religions pour la paix à Paris. À cette occasion, nous avons rencontré le président de l’Union bouddhiste de France, Olivier Wang-Genh.
Parmi les cultes représentés au sein de la CRCF, le bouddhisme n’est-il pas un peu à part car ne se référant pas à un Dieu ?
Pour le bouddhisme, je parlerais plutôt d’une religion non-théiste. Lorsque vous voyagez en Asie du Sud-Est, vous croisez des moines et des moniales bouddhistes, des temples à tous les coins de rue, vous pouvez assister à des rituels religieux, à des cérémonies funéraires. Tous les éléments constitutifs d’une religion sont présents dans le bouddhisme, excepté la référence à un Dieu créateur, concept qui lui est étranger.
De quoi parlent un musulman, un chrétien ou un juif, tous croyants en un Dieu unique, avec un bouddhiste ?
Pour nous, l’un des points essentiels de ce dialogue porte sur une meilleure connaissance mutuelle. Ainsi, il y a longtemps eu un débat en France autour du bouddhisme pour savoir s’il s’agissait d’une religion, d’une philosophie ou d’autre chose.
Vous sentez-vous compris dans votre manière de pratiquer ?
Même pour une personne pratiquant depuis plusieurs années, il faut reconnaître que certaines notions du bouddhisme sont complexes. Je comprends que les autres représentants religieux puissent trouver le bouddhisme difficile d’accès.
Il faut néanmoins préciser que le bouddhisme est l’une des plus vieilles religions de l’humanité, si ce n’est la plus vieille, puisque son origine remonte à 2 600 ans. Le bouddhisme n’étant pas une religion de foi, son enseignement a une capacité extraordinaire à s’adapter aux cultures et aux histoires. Le bouddhisme ne cherche pas à s’imposer et à convertir ; il est avant tout une religion d’expérience, notamment à travers la pratique de la méditation et l’enseignement du Bouddha.
Certains des préceptes des autres religions vous rejoignent-ils ?
Je crois que toutes les religions ont en commun de vouloir que l’être humain devienne meilleur dans la gestion de ses passions, de ses pulsions, de son égoïsme. Je crois également que l’on retrouve dans le bouddhisme comme dans le christianisme, le judaïsme et l’islam la pratique du don, de la générosité, l’accompagnement des personnes en deuil.
Nous avons à apprendre de l’autre. Je ne pense pas que la finalité du dialogue interreligieux soit seulement une meilleure connaissance mutuelle. Les religions peuvent avoir par exemple un message commun à certaines occasions. Ainsi, au Trocadéro où nous ferons tous ensemble la promotion de la paix.
Qu’est-ce que pour vous l’esprit d’Assise ?
En 1986, les bouddhistes n’étaient pas vraiment impliqués dans le dialogue entre religions. Assise a donc marqué pour moi la première vraie ouverture sur le bouddhisme. Je me souviens de cette photo de dignitaires bouddhistes en habit religieux assis à côté de prêtres et de moines chrétiens. Cela nous avait beaucoup touchés.
Pourquoi ?
S’il semble aujourd’hui normal que les bouddhistes soient présents Rencontre des religions pour la paix au Trocadéro ce jeudi soir et au sein de la CFCR, ça n’a pas toujours été le cas. À cette époque, on se posait beaucoup de questions sur le bouddhisme, sur cette religion qui n’en est pas une et qui, pour beaucoup, n’était qu’une mode passagère en Occident. C’était l’époque des gourous, de l’apparition de cithare dans la musique rock, tout cela avait un côté un peu exotique. Aujourd’hui, ces questions sont dépassées et personne ne remet en cause le fait que le bouddhisme est un culte comme un autre.
Source : www.famillechretienne.fr le 27 octobre 2011